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Claire Obscurité
17 mai 2010

De l'Amour

Le maître. Ce que tu aimes en toi, tu ne l’aimes pas comme une tienneté, mais comme l’Amour de Dieu qui t’est donné : tu aimes le Fond divin qui est en toi et par lequel tu aimes la Sagesse de Dieu, les merveilles divines, et aussi tes frères ; mais ce que tu hais en toi, tu le hais comme ton être propre, comme ce point où le mal s’attache à toi ; et tu le hais parce que tu voudrais bien briser ton moi et le voir pour toi se transformer en un Fond totalement divin. L’Amour déteste le moi, car le moi est une chose mortelle ; et l’Amour et le moi ne vont pas ensemble, car l’Amour possède le Ciel et réside en soi-même, alors que le moi possède le monde, et tous ses êtres, et réside aussi en soi-même. De même que le Ciel a puissance sur le monde et l’Eternité sur le temps, de même l’Amour a puissance sur la vie naturelle.

Le disciple. Cher maître, dis-moi donc : pourquoi faut-il que l’Amour soit inséparable de la souffrance, qu’avec l’ami vienne aussi l’ennemi ? Ne serait - ce pas mieux, s’il n’y avait que l’Amour ?

 

Le maître.  Si l’Amour n’avait pas la souffrance comme compagne, il n’aurait rien qu’il pût aimer. Mais parce que son être même qu’il aime, sous la forme de la pauvre âme, est dans la peine et la souffrance, il trouve là une occasion d’aimer son propre être et de l’arracher à la peine, afin qu’à son tour lui-même soit aimé. Et l’on ne pourrait non plus savoir ce qu’est l’Amour, s’il n’avait rien qu’il pût aimer.

 

 

 

(Jacob Boehme, Christosophia)

 

 

 

 

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Claire Obscurité
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