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Claire Obscurité
11 février 2011

La religion non religieuse de Socrate

Cette force intérieure qui le pousse vers les autres, Socrate la sent comme une mission divine. Il faut insister sur ce caractère religieux : le point de départ de son activité à Athènes n’est-il pas la réponse de la Pythie de Delphes à son enthousiaste ami Chéréphon à qui il fut révélé que personne n’était plus sage que Socrate ? C’est Apollon « qui lui avait assigné pour tâche de vivre en philosophant, en se scrutant lui-même et les autres [1] » ; rien d’exceptionnel d’ailleurs, en ce temps, à l’interprétation que Socrate donne de ses propres tendances ; il ne manquait pas d’hommes, comme les Euthy­phron dont parle Platon, qui se croyaient en rapport spécial avec le divin [2] ; et Socrate en particulier semble avoir éprouvé en lui-même la présence divine par le fameux démon, ou plutôt ce signe démoniaque, cette voix intérieure qui, dans les cas où la sagesse humaine est impuissante à prévoir l’avenir, lui révélait les actes dont il faut s’abstenir [3]. Toutefois, sur cet aspect religieux de la pensée de Socrate, il faut bien s’entendre : la religion lui donne foi et confiance en lui-même, mais il n’en tire aucune vue doctrinale sur la destinée humaine, et il n’y a aucune raison de croire qu’il ait été adepte de l’or­phisme.

 



[1] PLATON, Apologie, 21a ; 28 e.

[2] PLATON, Euthyphron, 3 bc.

[3] PLATON, Euthyphron, 3 b ; Alcibiade, 103 à 105e ; XÉNOPHON, Mémorables I, 2-4 (le démon signe divinatoire).

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Claire Obscurité
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