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Claire Obscurité
10 août 2010

Spinoza sur Dieu

"Puis donc qu’il faut admettre que ce fondement n’a pas été corrompu, on devra juger de même de toutes les conséquences qu’il entraîne sans controverse possible et qui ont le même caractère fondamental : que Dieu existe, que sa providence est universelle, qu’il est tout-puissant, que par son décret l’homme pieux est un bienheureux et le méchant un malheureux, que notre salut dépend de sa grâce seule. Tout cela, l’Écriture l’enseigne partout clairement et a toujours dû l’enseigner, car autrement tout le reste serait vain et sans fondement ; et non moins exemptes de corruption sont les autres vérités morales, car elles suivent très évidemment de ce fondement universel ainsi maintenir la justice, venir en aide à l’indigent, ne pas tuer, ne pas convoiter le bien d’autrui, etc. De ces vérités, dis-je, la malice des hommes n’a pu falsifier, ni le temps effacer la moindre part. Si elles avaient souffert une destruction partielle, leur fondement universel n’eût pas manqué de les rétablir aussitôt dans leur intégrité, tout particulièrement l’enseignement de la charité que l’un et l’autre Testaments recommandent partout comme étant le plus important. Ajoutons que, s’il est vrai qu’on ne peut imaginer de crime abominable qui n’ait été commis, personne cependant, pour excuser ses crimes, ne tente de détruire les lois, ou de présenter une maxime impie comme un enseignement éternel et utile au salut ; telle en effet se montre la nature de l’homme ; si quelqu’un (roi ou sujet) a commis une vilaine action, il tâche à la parer de circonstances telles qu’on puisse le croire innocent de toute faute contre la justice et l’honneur."

(Baruch Spinoza, Traité théologico-politique, XII, 11).

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Claire Obscurité
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