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Claire Obscurité
28 février 2020

Vie et mort du chat Zorro A Lilian et Minouche La

Vie et mort du chat Zorro

 



A Lilian et Minouche


 


La vie de Zorro commença mal. Il avait atterri chez une jeune femme qui avait perdu la raison. Elle le tourmentait, puis le laissait seul souvent, sans manger et sans boire. La voisine, éprise des chats, entendait ses miaulements de tristesse. Elle en parla à Danièle.

Danièle adorait les chats. Tout le monde, dans le quartier, s'adressait à elle, lorsqu'un chat se trouvait en état de détresse. La défenderesse de la cause féline sonna chez la jeune femme et lui intima de lui donner le chat. La jeune femme obéit.

Elle le garda quelques jours, et me proposa de l'accueillir chez moi. J'acceptai.

Lorsque je vins le chercher, il sauta sur la table, me lécha la figure de fond en comble.

Zorro était un chat gris, fluet. Il avait de beaux yeux verts, de belles moustaches, et de jolis coussinets roses aux pattes. Son poil, d'un gris mâtiné de blanc, était d'une finesse remarquable.

Lorsqu'il venait me faire un calin le soir, il bavait légèrement.

Il s'avéra être le plus gentil chat du monde.

Il vécut chez moi heureux pendant quatre ans. Précautionneux, il ne s'aventurait que peu à l'extérieur. Les circonstances de la vie firent que je ne le vis plus pendant presque cinq ans par la suite. Ma mère lui prodigua des trésors de bonté.

Lorsque la vie me le confia de nouveau, je me rendis compte qu'il avait mal aux crocs. J'allais donc chez la vétérinaire pour un détartrage. La vétérinaire m'indiqua qu'il avait une grave infection de la mâchoire, et qu'elle le faisait baver. Je perçus qu'il souffrait depuis le début de cette affection. Le pauvre en avait pris plein les crocs. Il fallut le faire opérer par un spécialiste. Rien n'y fit. L'infection se révéla être un incurable cancer. Combien de temps avait – il souffert sans pouvoir rien dire ? Que n'avais – je détecté plus tôt son mal ? La vie est si belle, mais si cruelle.

La dernière semaine de sa vie, je me mis à son service, lui offrant le meilleur des services hôteliers : poulet frais détaillé en dés à volonté, calins ad libitum. Toujours, il se mettait sur mon cœur.

 

Le dernier jour, je surpris une lueur d'intelligence chez lui, comme s'il savait qu'il devait mourir sous peu, et je fus glacé de son regard lucide. Je l'emmenai chez la vétérinaire ; il pleuvait. Lorsqu'il fut mort, une larme ne voulut pas couler. Je me souvenais du chat Mouloud, le chat de Jean Grenier. Comme le chat Mouloud, Zorro savait succomber «à une loi d’amour universelle qui s’exerce sur nous bien rarement et qui s’était emparée de son être, l’avait modelé et pétri. »


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Claire Obscurité
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