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Claire Obscurité
16 mai 2020

« Il s’ensuit que le désir de l’amant n’est

« Il s’ensuit que le désir de l’amant n’est apaisé  ni par la vue, ni par le toucher d’un corps quel qu’il soit. Il ne désire pas tel ou tel corps, mais la splendeur de la majesté divine qui se refète dans les corps, et c’est cela qu’il admire, qu’il désire et qui le laisse interdit. C’est la raison pour laquelle les amants ignorent ce qu’ils désirent ou ce qu’ils cherchent, car ils ne savent pas ce qu’est Dieu, dont la saveur cachée a répandu dans ses œuvres un parfum très doux. C’est ce parfum qui chaque jour nous excite. » (Comm Banquet, II, 6, p. 152). Et Ficin emprunte à Plotin l’image de Narcisse, qui meurt pour s’être noyée dans l’idole sensible de son amour, incapable de discerner au-delà de cette image-écran l’objet véritable de son amour, à savoir Dieu son créateur (Comm Banquet, VI, 17, p. 235 ; Plotin, I, VI, 8 et V, VIII, 2) (17). L’amour est ainsi naissance au monde spirituel et mort au monde matériel, mort à soi-même et oubli et perte de soi en l’autre : « Platon appelle l’amour une chose amère (Amorem Plato rem amaram vocat). C’est juste, car celui qui aime meurt. Orphée lui-même le nomme le doux amer (glukupikron), parce que l’amour est une mort volontaire [...] On dit que celui qui aime meurt, parce que sa pensée, oublieuse d’elle-même, ne pense plus qu’à celui qu’il aime [...] L’âme de l’amant n’est pas en elle-même. Si elle n’est pas en elle-même, elle ne vit pas non plus en elle-même et ce qui ne vit pas est mort. Voilà pourquoi quiconque aime est mort à lui-même (in se mortuus est quicumque amat). Mais vit-il au moins dans un autre? Assurément. » (Comm Banquet, II, 8, p. 156)

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Claire Obscurité
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