Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Claire Obscurité
12 mars 2013

« Il faut, dit-elle, que celui qui prend la bonne

« Il faut, dit-elle, que celui qui prend la bonne voie pour aller à ce but commence dès sa jeunesse à rechercher les beaux corps. En premier lieu, s'il est bien dirigé par celui qui le dirige, il n'aimera qu'un seul corps, et alors il enfantera de beaux discours ; puis il constatera que la beauté qui réside en un corps quelconque est sur de la beauté d'un autre corps et que, si l'on doit chercher la beauté qui réside en la forme, il serait bien fou de ne pas tenir pour une et identique la beauté qui réside en tous les corps. Quand il aura compris cela, il deviendra amoureux de tous les beaux corps et son violent amour d'un seul se relâchera : il le dédaignera, il le jugera sans valeur. Ensuite il estimera la beauté des âmes plus précieuse que celle des corps, en sorte qu'une personne dont l'âme a sa beauté sans que son charme physique ait rien d'éclatant, va suffire à son amour et à ses soins. Il enfantera des discours capables de rendre la jeunesse meilleure;  de là il est nécessairement  amené à considérer la beauté dans les actions et les lois, et à découvrir qu'elle est toujours semblable à elle-même, en sorte que la beauté du corps soit peu de chose à son jugement. Ensuite, des actions humaines il sera conduit aux sciences, pour en apercevoir la beauté et, les yeux fixés sur l'immense étendue qu'occupe le beau, cesser désormais de s'attacher comme le ferait un esclave à la beauté d'un jeune garçon, d'un homme, ou d'une seule action et renoncer à l'esclavage qui l'avilit et lui fait dire des pauvretés. Qu'il se tourne au contraire vers l'océan du beau, qu'il le contemple, et il enfantera de beaux discours sans nombre, magnifiques, des pensées qui naîtront dans l'élan généreux de l'amour du savoir,  jusqu'à ce qu'enfin affermi et agrandi, il porte les yeux vers une science unique, celle de la beauté dont je vais te parler. L'homme guidé jusqu'à ce point sur le chemin de l'amour contemplera les belles choses dans leur succession et leur ordre exact ; il atteindra le terme suprême de l'amour et soudain il verra une beauté qui est éternelle, qui ne connaît ni la naissance, ni la mort, ni la croissance ni le déclin. »

Platon, discours de Diotime, in Le banquet

Publicité
Publicité
Commentaires
Claire Obscurité
Publicité
Publicité