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Claire Obscurité
6 novembre 2010

Univocité/équivocité de la S(s)ubstance

Si "mon corps lui même est "substance" c’est encore en un autre sens, puisque le corps est divisible tandis que l’âme est censée ne pas l’être, etc..  En d’autres termes, comprenez : si je suis substance, c’est tout simple : je ne suis substance que dans un sens du mot substance dès lors le mot "substance" a plusieurs sens, en d’autres termes, le mot substance est "équivoque".  Il est forcément équivoque. Substance se dira par "analogie".  Si vous vous rappelez les notions que j’ai essayé vaguement de définir les autres fois, substance se dira par analogie puisque l’analogie, c’est le statut du concept en tant qu’il a plusieurs sens : c’est l’équivocité. Substance sera un mot équivoque, ayant plusieurs sens. Ces sens auront des rapports d’analogie. "De même que Dieu n’a besoin que de soi pour exister" - premier sens de substance - "moi, être fini je n’ai besoin que de Dieu pour exister" - deuxième sens - il y a analogie entre les sens et à ce moment - là substance est un mot équivoque.  Voyez ,- et en effet Descartes le dit explicitement - Descartes reste au moins thomiste quelles que soient les ruptures de Descartes avec Saint Thomas - il reste absolument thomiste sur un point fondamental à savoir : l’être n’est pas univoque.  En d’autres termes il y a plusieurs sens du mot substance et comme dit Descartes qui reprend là le vocabulaire du moyen âge, la substance se dit par analogie. Voyez ce que ces termes mystérieux veulent dire en fait cela veut dire des choses très rigoureuses. On a vu et je ne reviens pas là dessus que, au contraire Spinoza développe, déploie le plan fixe de l’univocité de l’être, de l’être univoque. Si l’être est substance c’est la substance absolument infinie et il n’y a rien d’autre que cette substance, cette substance est la seule ! En d’autres termes, univocité de la substance.  Pas d’autres substances que l’être absolument infini c’est à dire pas d’autre substance que l’être en tant qu’être. L’être en tant qu’être est substance ce qui implique immédiatement que rien d’autre ne soit substance.  Rien d’autre ? qu’est ce qu’il y a d’autre que l’être ? On l’a vu les dernières fois et c’est peut être ça le point de départ de l’ontologie qu’on cherchait.  Donc on va peut être avoir une réponse possible à notre question !  Qu’est ce qui, d’autre que l’être, que l’être en tant qu’être du point de vue d’une ontologie même ? On l’a vu depuis le début ; ce qu’il y a d’autre que l’être en tant qu’être, du point de vue de l’ontologie même , c’est ce dont l’être se dit c’est-à-dire l’étant, l’existant. L'être se dit de ce qui "est", de l’étant, de l’existant.

"Tous les attributs sont égaux : il n’y aura pas de supériorité d’un attribut sur un autre.  Et en effet vous voyez bien que Spinoza creuse au maximum son opposition à toute une tradition philosophique c’est la tradition de l’Un supérieur à l’être. Ce qu’il va faire - je crois que c’est une caractéristique de Spinoza , la philosophie la plus anti-hiérarchique qu’on ait jamais faite. Il y a peu de philosophes qui d’une manière ou d’une autre, mais ou bien explicitement  dit ou bien suggéré, au moins mais en général explicitement dit, que l’âme valait mieux que le corps, que la pensée valait mieux que l’étendue et tout ça, fait partie des niveaux de l’être à partir de l’un. C’est inséparable la différence hiérarchique, est inséparable des théories ou des conceptions de l’émanation, de la cause émanative. Je dois vous rappeler, les effets sortent de la cause, il a un ordre hiérarchique de la cause à l’effet. 
-  L’Un est supérieur à l’être, 
-  l’être à son tour, est supérieur à l’âme, 
-  l’âme est supérieure au corps.  C’est une descente. Le monde de Spinoza est très curieux, en effet. C’est vraiment le monde le plus anti-hiérarchique qu’ait jamais produit la philosophie ! En effet, s’il y a univocité de l’être, si c’est l’un qui dépend de l’être et  pas l’être qui dépend de l’un, qui découle de l’être, s’il n’y a que l’être et ce dont l’être se dit et si ce dont l’être se dit, est dans l’être, si l’être comprend ce dont elle se dit, le contient du point de vue de l’immanence, d’une certaine manière qu’il faudra arriver à déterminer, tous les êtres sont égaux.  Simplement, je laisse en blanc, tous les êtres sont égaux, en tant que quoi ? De quel point de vue ? En tant que quoi ?  Qu’est ce que cela veut dire alors, une pierre et un sage, un cochon et un philosophe ça se vaut ?  Il suffit de dire en tant que quoi. Bien sûr, ça se vaut. En tant qu’existence, ça se vaut ; ça se vaut.  Et là, Spinoza ne renoncera jamais à ça. Il le dira formellement, le sage et le dément, il y a bien un point de vue, "un en tant que", où l’on voit de toute évidence que l’un n’est pas supérieur à l’autre. Très curieux, très étonnant, ça, ce truc là ! J’essaierai de l’expliquer, là, je ne prétends pas de l’expliquer encore, hein ! Alors, bon, l’être, l’être univoque, c’est forcément un être égal. Celles-là pas forcément que tous les étants se valent mais que l’être, l’être se dit également de tous les étants, l’être se dit également de tout ce qui est, que ce soit un caillot ou un philosophe, hein ! De toute manière, l’être n’a qu’un seul sens.  Une belle idée, hein ! Mais il ne suffit pas d’avoir l’idée. Il faut construire le paysage où elle fonctionne l’idée, et ça, il sait le faire, Spinoza ! 
-  Et l’être univoque, c’est forcément un être égaré. Jamais on a poussé plus loin, la critique de toute hiérarchie. L’étendue est comme la pensée, c’est un attribut de la substance et vous ne pouvez pas dire qu’un attribut est supérieur à l’autre : égalité parfaite de tous les attributs.
"

(Deleuze, cours de Vincennes, sur la réduction de l'être à l'étant, en ce compris l'infinité des attributs, non-hiérarchie des attributs, Cours de Vincennes, 2 décembre 1980).
 

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